Vaisseau

Pour cette étape du Papillon au CRIC, nous avons invité Nassimo Berthomme, alors étudiant en second cycle à l’ESBAN. La petite surface d’exposition se transforme cette fois en outil de projection tourné vers l’extérieur. Le Papillon se trouve pris entre deux eaux, transportant certains spectateurs à son bord et en laissant d’autres sur la berge avec comme paysage le sillon du vaisseau, une embarcation imaginaire. Dès l’amorce du projet, la qualité nomade du Papillon est apparue à Nassimo Berthomme comme une évidence ; cette notion de déplacement et de mouvement étant déjà très présente dans son propre travail. Il a donc exploité cet objet comme une balise, un repère duquel s’échappe un paysage fait de nuances et de répétition. L’eau, ici la Méditerranée, nous encercle, nous sépare et nous relie, cette étendue marine paraît indéfinie, notre œil s’habitue à ce décor tout en se focalisant sur ses variations. Le dispositif, par la transparence des écrans et la position intermédiaire du Papillon, offre une multiplicité de points de vues. Cet entre-deux se donne aussi à voir comme une métaphore du montage vidéo où se confrontent et se lient deux images et deux temps, un avant et un après. L’écart entre les deux écrans traduit aussi la forme absente, invisible à l’image, qui inscrit par une ligne en perpétuelle construction la trace de son passage. La nature de cette forme tient justement dans son passage ; ce qu’elle crée n’est-elle pas toujours un écho, une réminiscence d’elle même ? N’est-ce pas l’idée même de l’acte de filmer, qui, en enregistrant, en retenant une image du monde traduit aussi la fugacité et la perte du réel?

Cette double projection convoquant la confrontation de deux horizons n’existera que le temps bref d’une soirée lors d’une escale au CRIC, qui deviendra alors autant un voyage qu’un point de rencontre.

www.sweetmountain.net

• Nassimo Berthomme
• 23 février 2017
• Le CRIC, Nîmes

• 2017